Il dort en prison mais peut travailler "dehors"

Publié le par Collectif Prisons Vendée

 

Il dort en prison mais peut travailler « dehors » - La Roche-sur-Yon

samedi 26 novembre 2011Ouest France


 

La prison, une entreprise de réinsertion ? Une conférence-débat permettra de réfléchir sur ce thème, ce soir. Ouvrier le jour, détenu la nuit, Simon témoigne.
La nuit commence à tomber. Simon, âgé d'une trentaine d'années, rejoint la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon. Comme chaque soir, il regagne le quartier des « semi-liberté » après une journée de travail, à une demi-heure de la prison. Un moment difficile, mais la journée lui a donné une telle bouffée d'oxygène qu'il se sent assez serein. Il s'excuse d'avance pour le vocabulaire : « C'est clair que les gens qui peuvent travailler à l'extérieur sont moins chiants qu'en détention permanente. »
Faute d'accès à la douche, de bon matin, il fait sa toilette en cellule. « Je pars avec ma voiture garée dans le secteur. Le premier mois, c'était dur : pour payer le carburant, il n'y avait que le salaire de ma femme. » Il le dit tout de suite : « Sans elle, jamais je n'aurai pu faire tout ça. » Parce qu'il a fallu essuyer les refus des employeurs qui répondent « le social, on a essayé... ». Convaincre le juge d'application des peines. Refaire une demande pour pouvoir travailler un peu plus tard. Beau joueur, Simon reconnaît : « On m'a fait confiance. »
L'employeur très satisfait
En fait, avec son côté franc du collier, il a tout de suite plu à son patron. « Il s'est présenté avec son amie, raconte ce dernier, à la tête d'une PME d'une centaine de salariés. J'ai vraiment senti une volonté commune de se re-sociabiliser par le travail. Une grande sincérité. Je ne voyais pas pourquoi je ne lui donnerais pas sa chance. » Il ne s'en cache pas, le CV de son futur salarié était à son avantage. Jusqu'à son incarcération, Simon a toujours eu des missions. « Il avait de l'expérience et des compétences manuelles dont j'ai besoin pour mon entreprise. » Il l'a embauché pour trois mois. A salaire équivalent. « Il est trop tôt pour dire si je reconduirai son contrat, mais il est certain que pour l'instant je suis très satisfait de son travail. »
Le directeur du Spip de la Vendée (1), Philippe Paillart, n'hésite pas à tendre sa carte aux employeurs : « Les prisons sont pleines de délinquants, mais aussi de compétences. Vous contribuez à les faire bouger. » La prison, entreprise de réinsertion (2) ? Simon tranche : « Dans mon cas, je dirais oui, vraiment. Ça m'a poussé à arrêter mes bêtises. La possibilité de travailler fait que mes enfants sont fiers. C'est dommage qu'on ne soit pas plus nombreux à profiter de la semi-liberté. En détention, j'ai vu des gens vraiment doués... »
(1) Service pénitentiaire d'insertion et de probation.
(2) Ce samedi, à partir de 20 h au conservatoire de musique, place Napoléon. Conférence-débat organisée par plusieurs associations caritatives (Visiteurs de prison, Croix rouge française, Ligue des droits de l'homme...), dans le cadre des 18 es journées nationales Prison. Débat animé par Claire Thévenoux, chef du service société à Ouest-France. Avec Xavier Dupont, secrétaire général du contrôle des lieux de privation de liberté et François Korber, délégué général de Robin des lois. Entrée libre.
Claire HAUBRY.
 

Publié dans JNP 2011

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