Noël en famille, au parloir
Ouest-France / Pays de la Loire / La Roche-sur-Yon
samedi 24 décembre 2011
- OUEST FRANCE
Séance de parloir particulière pour huit détenus, pères d'enfants de moins de cinq ans : le Père Noël distribue des cadeaux aux petits. Un moment de partage en famille, apprécié de tous.
Depuis trois ans, les détenus de la maison d'arrêt profitent d'un parloir particulier avec leurs enfants : vendredi, le Père Noël a distribué des cadeaux et les esprits se sont évadés en famille.
L'initiative
Il réfléchit quelques secondes. Il s'appellera Max pour cette fois (1). Sur ses genoux, son fils de quatre ans. Sur la table, une voiture télécommandée. « Je n'ai pas fait de cantine la semaine dernière pour pouvoir lui payer le cadeau. » C'est la première fois que ce détenu passera Noël et le premier de l'an, avec ses deux camarades de cellules. « Ça va, on s'entend bien. »
Max apprécie ce parloir en famille, plus long que d'habitude, la venue du Père Noël. « C'est bien et c'est dur en même temps. » Même discours de la part d'Enrique. Du baume au coeur et un pincement de ne pas partager la magie de Noël, à la maison, avec les petits. « Il faut penser à ceux qui ne peuvent rien offrir à leurs enfants ». Lui, il en a eu la possibilité. « Heureusement qu'il y a ça », explique Magali, la maman venue avec les deux bouts de choux.
« Une lime psychologique »
Depuis trois ans, c'est un rituel à la maison d'arrêt de La Roche, mis en place par le chef d'établissement, Bertin Mouopock Dom. C'est loin d'être le cas dans toutes les prisons de France. « Ce n'est pas noté dans le règlement intérieur et dans le code de procédure pénal. » Comme quoi, de simples notes de service ont parfois une grande valeur humaine.
Il se tourne vers le Père Noël historique, celui qui revient chaque année depuis 2009. « Vous offrez une lime psychologique aux détenus qui ont des enfants de moins de cinq ans. Votre venue est comme une évasion sans franchir les murs. »
Dans la vie, le Père Noël s'appelle Paul et il est visiteur de prison. Il a l'habitude de ce milieu clos, de discuter avec les détenus. « Je suis préposé au poste de Père Noël. J'aime voir le regard des enfants. »
Jean-Georges Laval, adjoint au chef d'établissement, apprécie l'initiative. « C'est très bien perçu du personnel. Là, j'ai pris des photos des détenus avec leurs enfants. Je leur remettrai. Pour cela, nous avons eu des remerciements comme nous en avons peu en maison d'arrêt. »
Tout le personnel pénitentiaire redoute la période des fêtes, sensible à vivre entre quatre murs, loin des siens. La solitude peut être pesante et les suicides, trop nombreux en milieu carcéral, sont la crainte. « Sur cette période, nous faisons en sorte qu'il n'y ait personne en quartier disciplinaire (ndlr : il s'agit d'une cellule à La Roche) », conclut Bertin Mouopock Dom.
Des repas améliorés sont également servis sur les deux soirées de réveillons. Et puis, grâce à différentes associations caritatives, les détenus isolés, qui ne reçoivent pas de présents de leurs familles, auront quand même un cadeau. La solidarité, elle, n'a pas de murs.
Loïc TISSOT