Eté difficile à la maison d'arrêt

Publié le par Collectif Prisons Vendée

Ouest-France - 29 juillet 2009

La prison compte aujourd'hui plus de 100 détenus pour 40 places. Des conditions pénibles en cette période estivale. Témoignages.

L'une des plus surpeuplées

 

Avec un taux d'occupation toujours supérieur à 200 %, dans le haut de classements nationaux déjà peu glorieux, la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon est l'une des plus surpeuplées de France. Et l'été est loin d'être une période creuse, au contraire. Avec l'afflux de populations sur les côtes vendéennes, elle a tendance à se remplir encore plus, surtout vers la fin des vacances.

À trois par cellule

Elle compte aujourd'hui plus de 100 détenus pour 40 places. Un nombre qui est réévalué quotidiennement. D'une part, chaque jour des détenus entrent et sortent de ce lieu de privation de liberté, théoriquement destiné aux peines de moins d'un an et aux prévenus en attente d'un jugement. D'autre part, un certain nombre d'entre eux bénéficie d'aménagements de peine qui font d'eux des « détenus à temps partiel ».

La plupart du temps, les détenus vivent à trois par cellule. Mais, pendant les périodes les plus surpeuplées, ils sont souvent quatre, dans neuf mètres carrés. Certains détenus sont donc contraints de dormir sur des matelas à même le sol, dans des cellules qui sont pour le moins rudimentaires, avec des toilettes sans porte.

« En été, on cuit »

« Quand on est quatre, c'est encore pire, ça crée plus de tensions », témoigne S., un ancien détenu, sorti il y a moins de 10 jours. Il insiste : « Et en été, on cuit dans les cellules. » Selon lui, le règlement de la maison d'arrêt yonnaise est « plutôt strict » : pas de console de jeux autorisée par exemple, contrairement à d'autres établissements. « Les gardiens craignent des crises d'épilepsie », explique-t-il, peu convaincu. « La privation de liberté, c'est une chose. Mais on n'est pas obligé d'être dans ces conditions. On est vraiment traités comme des chiens », ajoute-t-il, l'air dépité.

« Le manque d'intimité »

Des conditions difficiles à supporter également pour les familles. Certaines viennent de loin, puisque les détenus sont incarcérés sur le lieu du délit ou du crime dont ils sont accusés. Et les visites sont parfois compliquées à gérer : « J'ai attendu trois mois pour avoir une autorisation de visite à mon fiancé », témoigne une jeune femme, enceinte. « C'est parce qu'ils ont beaucoup de vérifications à faire. Mais le plus dur, c'est le manque d'intimité. Il peut y avoir huit visites dans le parloir en même temps, plus le maton. Et quand il y a des enfants, c'est infernal. À Nantes au moins, ils ont des boxes privés. »

Des familles « fatiguées »

Cécile et Guy sont bénévoles au bungalow, un lieu d'accueil prévu par le Secours catholique pour les visiteurs qui attendent leur tour au parloir. Ils sont au plus près de la souffrance des proches des détenus : « C'est presque toujours les mêmes familles qu'on voit ici, surtout en été. EIles sont souvent fatiguées, usées. Le plus grave c'est que ce type de conditions amène rarement un détenu à vraiment se remettre en question. Beaucoup d'entre eux auraient besoin d'un encadrement spécifique. »

 

Pauline de SAINT REMY.
Ouest-France

Publié dans LA VIE EN PRISON

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