jEUNES EN PRISON
Groupe national de concertation prison (GNCP)
Jeunes en prison : fin ou début des problèmes ?
15èmes journées nationales prison
du 24 au 30 novembre 2008
La Roche sur Yon : conférence/débat du 28 novembre 2008
Intervenants : Madame SOUCHET juge pour enfants TGI Roche s/Yon
Monsieur PAILLART directeur de l'établissement pour mineurs
d'Orvault (44)
Madame NOEL Protection Judiciaire de la jeunesse (PJJ)
Madame BOULDOUYRE avocate à la Roche s/Yon
Débat animé par un journaliste dépêché par la rédaction de Ouest-France Rennes
« La France n'est pas assez riche d'enfants qu'elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains[1]. »
Chaque année, 200 000 actes de délinquance mettent en cause des mineurs. Environ 3000 d’entre eux passent par la case prison. Est-ce que la justice est laxiste à l’égard des jeunes délinquants ? Non. Les réponses pénales à la délinquance des mineurs sont supérieures à celles de la délinquance des majeurs (82,1% pour les mineurs, 74,8% pour les majeurs en 2004[2]).
A l’heure où le Parlement s’apprête à voter une énième modification de l’ordonnance de 1945, on peut se poser la question du regard ambivalent que porte notre société sur la jeunesse. D’un côté elle s’en préoccupe, elle souhaite la protéger (nombres de mesures éducatives). D’un autre elle s’en méfie, elle en a peur, elle la stigmatise. Ainsi, ces dernières années, on assiste au glissement de l’éducatif à l’exemplarité de la sanction. La mise à l’écart et l’enfermement apparaissent de plus en plus comme la solution. Que penser de cette évolution ? Qui sont ces jeunes incarcérés ?
Ils sont, au 1er mars 2008, 785 mineurs sous écrou[3]. 182 d’entre eux sont incarcérés dans les nouveaux établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM). La majorité d’entre eux a entre 16 et 17 ans, 10% ont moins de 16 ans. Si certains sont là pour une affaire grave, la plupart sont incarcérés pour de multiples délits : vols, destructions et dégradations de biens privés ou publics, outrages et violences à agent de la force publique, drogue. La durée des peines est plus courte que chez les majeurs : 2,5 mois en moyenne (contre 8,4 mois pour les majeurs) - beaucoup ne restent que 15 jours[4].
Or, comment mener un projet éducatif en 15 jours ? Au regard des moyens engagés pour la mise en place des EPM, on peut s’interroger sur la pertinence d’une telle concentration des moyens en bout de chaîne sur un temps aussi court. Car la réponse à la délinquance des jeunes ne peut être unique. La prévention, c’est aussi s’occuper des problèmes familiaux, économiques et sociaux qui se cachent derrière certaines dérives, mettre en place des actions de soutien pour aider et accompagner les jeunes citoyens mineurs. Même lorsqu'ils rencontrent de multiples problèmes, les mineurs ou jeunes majeurs sont des êtres en devenir, pour lesquels des évolutions significatives sont possibles, à condition d'imaginer des parcours individualisés incluant les temps nécessaires à la construction individuelle.
L’enfermement permet-il à ces jeunes de rompre avec leur parcours de délinquance ? Ou bien les inscrit-il plutôt dans une spirale de violence et de délinquance ? Mettre les jeunes en prison, est-ce le début ou la fin des problèmes ?
[1] Extrait de l’ordonnance du 2 février 1945 relative à la délinquance des mineurs
[2] Rapport de l’Observatoire national de la délinquance, 2006
[3] Direction de l’administration pénitentiaire, Statistiques mensuelles de la population sous écrou
[4] Colloque à l’ENAP sur les mineurs délinquants les 15 et 16 mai 2006
Ouest-France
mardi 30 septembre 2008
Des élèves du collège Auguste-Renoir ont planché sur les conditions de détention des prisonniers. Leurs travaux seront présentés le 28 novembre, lors des Journées nationales des prisons.
Quelles sont les conditions de vie des détenus ? Quelles sont les conséquences pour leur famille et pour eux-mêmes de leur incarcération ? Quel avenir pour eux après un passage derrière les barreaux ? Autant de questions qui se sont bousculées dans la tête des élèves de 3e B du collège Auguste-Renoir, lundi matin. En présence de Bernard Charrier, retraité et membre de l'Association nationale des visiteurs de prison (ANVP) et de Philippe Uzureau, accueillant des familles de détenus à la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon, les 24 collégiens ont réfléchi ensemble, loin des clichés, sur le sens et les réalités de la prison.
Durant deux heures, les questions et les avis ont fusé dans la classe. « De temps en temps, je vous parlerai de détenus et d'autres fois, de personnes détenues. Savez-vous pourquoi ? », a interrogé Bernard Charrier. « Parce que parfois, on ne traite pas les prisonniers comme des hommes », répondait Philippe qui, comme ses copains, n'a pas caché son indignation face aux conditions de vie des personnes incarcérées.
Une prise de conscience
À l'aide d'une maquette en bois réalisée par un détenu, les deux intervenants n'ont pas mâché leurs mots. « Il y a trente cellules et quarante places à la maison d'arrêt. Savez-vous combien de personnes sont incarcérées aujourd'hui ? », questionnait Bernard Charrier. « Soixante », « Quatre-vingt-dix », ont renchéri quelques voix timides dans la classe. « Non, cent. Les cellules mesurent entre 9 et 10 m2. Comparez avec votre chambre ! ».
Mobilisés sur le thème de la prison depuis la rentrée, les élèves se sont montrés particulièrement réceptifs. « Ils ont réalisé un exposé sur « Le Bagne des enfants », un téléfilm diffusé récemment. Ils ont composé des poèmes étonnants. Le ton est si juste qu'on a l'impression qu'ils ont réussi à se mettre dans la peau des prisonniers », expliquait Fabienne Archimbaud, professeur.
Durant les semaines à venir, les adolescents devraient également composer des dessins et des saynettes sur le milieu carcéral. Le 28 novembre prochain, ils présenteront leurs travaux au lycée Nature, aux côtés d'autres collégiens et lycéens de six établissements scolaires vendéens, à l'occasion des 15e Journées nationales des prisons, dont le thème est cette année « Les Mineurs et la prison ».
Une opération de sensibilisation organisée conjointement par la Ligue des Droits de l'homme, le Secours catholique, la Croix-Rouge, les accueillants de famille de détenus, et les aumôneries catholique et protestante. « Tout le monde, à un moment ou à un autre et quel que soit son âge, peut commettre une faute et se retrouver un jour derrière les barreaux, confie Bernard Charrier. Nous espérons que cette intervention leur permettra d'en prendre conscience ».
Élisabeth PETIT.
Ouest-France